Fibrillation auriculaire et insuffisance cardiaque : l'ablation évite les décès prématurés.
La fibrillation auriculaire est une dérégulation du rythme cardiaque provenant des oreillettes. Le plus souvent de l’oreillette gauche. La fibrillation auriculaire est pourvoyeuse de caillots sanguins. Cependant, cette maladie est aussi grandement responsable d’insuffisance cardiaque.
L’insuffisance cardiaque est un affaiblissement du muscle cardiaque. De plus, l’insuffisance cardiaque induit une surmortalité et un nombre important d’hospitalisation en urgence.
Il s’agit d’un problème majeur de santé publique. De nombreux programmes institutionnels s’intéressent à diminuer l’impact de l’insuffisance cardiaque dans la population.
Insuffisance cardiaque et fibrillation auriculaire, un cercle vicieux
Les causes d’insuffisance cardiaque sont nombreuses. On retrouve dans celle-ci des affections des artères du cœur (coronaire) les affections des valves cardiaques (valvulopathie) et les affections du muscle cardiaque (cardiomyopathie).
Cependant, environ 40 % des insuffisance cardiaque sont liées à de la fibrillation auriculaire. En effet, celle-ci induit une fréquence cardiaque trop rapide que le cœur ne peut pas suivre.
À la longue, le cœur finit par se fatiguer de cette cadence trop rapide. De plus, ce phénomène est aggravé par l’irrégularité du rythme sans possibilité au cœur de s’adapter.
Enfin, l’oreillette qui contribue au débit cardiaque pour 30 à 40 %, est complètement sidérée. En conséquence, une perte importante du débit cardiaque survient, aggravant l’insuffisance cardiaque.
Malheureusement, l’insuffisance cardiaque et la fibrillation auriculaire sont deux maladies étroitement liées et qui s’aggravent l’une l’autre en créant un cercle vicieux néfaste.
Fibrillation auriculaire et cardiomyopathie rythmique.
Pendant très longtemps, l’insuffisance cardiaque liée à la fibrillation auriculaire a été traitée comme une insuffisance cardiaque seule sans réfléchir à la cause déclenchante, c’est-à-dire l’arythmie.
Cependant, plusieurs études ont fait état d’une amélioration franche des signes d’insuffisance cardiaque et de la fonction globale du cœur après restauration du rythme normal. En effet, le choc électrique permettait de rétablir le rythme normal chez les patients fibrillation auriculaire.
Après une courte période d’adaptation, le cœur, retrouvant son rythme normal se mettait à beaucoup mieux fonctionner. On pouvait donc guérir l’insuffisance cardiaque en ne traitant que l’arythmie. Le concept de cardiomyopathie rythmique était donc né.
Depuis, tous les cardiologues recherchent systématiquement une fibrillation auriculaire ou d’autres arythmies devant une insuffisance cardiaque.
Comment traiter ?
Évidemment il faut commencer par traiter l’insuffisance cardiaque de ces patients afin de faciliter le travail du cœur.
Dans ce contexte le traitement bêtabloquant permet de ralentir la cadence ventriculaire et facilite donc le travail du cœur. Il ne faut pas oublier les traitements anticoagulants indispensables car les patients insuffisants cardiaques risquent plus facilement de présenter une attaque cérébrale.
Mais, il ne faut pas oublier de traiter la cause avec des médicaments antiarythmique qui sont malheureusement très restreints dans le cadre de l’insuffisance cardiaque.
Par conséquent, les cardiologues s’intéressent à des moyens non médicamenteux de traiter la fibrillation auriculaire chez ces patient plus fragiles.
L’ablation de la fibrillation auriculaire, la solution ?
L’évolution de traitement de la fibrillation auriculaire a énormément progressé ces 20 dernières années avec en point d’orgue l’ablation de l’arythmie.
Il s’agit d’une technique permettant de cautériser les foyers source de la fibrillation auriculaire. Cette technique a été éprouvé dans de nombreuses conditions notamment l’insuffisance cardiaque.
Très récemment, une étude internationale a pu mettre en évidence que chez les patients une insuffisance cardiaque et fibrillation auriculaire associée l’ablation par radiofréquence de cette arythmie permettait de rétablir le rythme normal dans une bonne majorité des cas.
De plus, ces patients en rythme normal faisaient moins d’insuffisance cardiaque et donc moins de complications d’insuffisance cardiaque. Notamment, il y avait moins de décès d’origine cardiovasculaire chez les patients ablaté.
Il s’agit donc d’un coup de tonnerre dans le traitement de l’insuffisance cardiaque puisque jusqu’alors ces patients étaient traités par des médicaments.
Quoi qu’il en soit, l’ablation n’est pas efficace à 100 % et il n’est pas rare que plusieurs procédures soient nécessaires afin de pérenniser un rythme normal.
Ce geste peut être complémentaire de l’adjonction de médicaments antiarythmiques transitoires ou définitifs.
Attention cependant à ne pas trop laisser s’installer l’insuffisance cardiaque. Lorsque celle-ci est très évoluée les traitements d’ablation deviennent moins efficaces.
Pour les cas réfractaires, nous utilisons à l’Institut Mutualiste Montsouris une technique d’ablation hybride, en cours d’évaluation dans le cas de l’insuffisance cardiaque mais dont les résultats préliminaires sont très prometteurs.