Tachycardie jonctionnelle : un traitement ambulatoire est-il-possible ?
Qu’est-ce qu’une tachycardie jonctionnelle ?
Le terme de tachycardie jonctionnelle, on parle aussi de maladie de Bouveret, fait référence à des troubles du rythme cardiaque généralement bénins mais parfois très invalidants. Ils se traduisent des accélérations importantes et généralement brutales du rythme cardiaque (tachycardie).
A quoi est due la tachycardie jonctionnelle ?
Une tachycardie jonctionnelle est généralement causée par la présence d’une sorte de court-circuit dans l’architecture normale des circuits électriques qui composent le coeur. Ces court-circuits sont constitutionnels. C’est à dire que l’on nait avec. Ça n’est pas une maladie génétique pour autant. Ces circuits sont situés à la jonction entre les oreillettes et les ventricules d’où le nom de tachycardie jonctionnelle.
Quel traitement en cas de tachycardie jonctionnelle ?
Lorsqu’un traitement est nécessaire, et c’est souvent le cas, on propose généralement 2 types de solutions.
La première : les médicaments. Plusieurs classes pharmacologiques sont possibles. On prescrit le plus souvent les bétabloquants (
bisoprolol = cardensiel par exemple). Ou les inhibiteurs calciques bradycardisants (
vérapamil = isoptine par exemple). L’avantage des médicaments est l’absence de recours à une intervention. Leurs inconvénients sont entre autre la nécessité d’un suivi au long cours, l’efficacité incertaine et les effets secondaires. Parmi les effets indésirables, on note une fréquente fatigue. En cause : le fait que tous les médicaments utilisés bloquent les circuits. Ils empêchent de façon plus ou moins importante l’accélération normale du cœur.
La seconde option est l’
ablation. Il s’agit d’une intervention qui consiste à cautériser ou « bruler » le court circuit. Ce court circuit ne sert à rien d’autre que provoquer des tachycardies. C’est le seul traitement qui permet une guérison définitive avec une très grande efficacité (95%). L’inconvénient est le risque opératoire. Il faut bien expliquer ce risque aux patients, bien qu’il soit très faible. Surtout au sein d’équipes entrainées. Le risque principal bien que rare est celui d’une lésion du circuit principal du coeur qui conduit alors à la pose d’un pacemaker. Les autres complications sont encore plus anecdotiques.
Comment se déroule une ablation de tachycardie jonctionnelle ?
L’ablation de tachycardie jonctionnelle est donc une procédure de cardiologie interventionnelle. Il ne s’agit pas d’une chirurgie puisque l’on ne pratique aucune incision.
Le principe est d’accéder au coeur au travers de perfusions effectuées dans une veine de la cuisse. Il s’agit de la veine fémorale dans laquelle on fait cheminer des sondes. Un repérage radiographique ou électromagnétique (sorte de scanner) nous permet de nous guider dans le coeur avec une extrême précision.
Une fois les sondes dans le coeur, nous pouvons ainsi localiser le circuit incriminé. Ensuite, nous procédons à sa destruction soit par le chaud (
ablation par radiofréquence) soit par le froid (cryo ablation).
La procédure qui n’est généralement pas douloureuse nécessite au minimum une anesthésie locale pour la perfusion de la veine fémorale. Au sein du groupe Rythmopole, nous avons la chance de travailler avec une équipe d’anesthésistes particulièrement compétents et disponibles. Cela nous permet de proposer aux patients une sédation voire une anesthésie générale si besoin. Cela procure un confort et une sécurité optimaux pour les patients les plus anxieux.
L’ablation nécessite-t-elle une hospitalisation ?
Les rythmologues de Rythmopole sont une équipe moteur à l’échelle nationale pour la réalisation des actes d’ablation en ambulatoire.
Au sein de notre équipe, l’ambulatoire est donc le mode de traitement de première intention pour les tachycardies jonctionnelles. Sauf cas particuliers bien entendu. En effet, le bien être psychique que procure le fait de rentrer chez soi le soir est souvent majeur. Sans compter le bénéfice sanitaire à ne pas trop trainer dans les hôpitaux par les temps qui courent. Le tout en gardant une sécurité maximale car le retour au domicile ne se fait qu’après validation médicale suite à une période de surveillance d’au moins 6 heures.
En conclusion
Les tachycardies jonctionnelles sont donc souvent bénignes. Elles peuvent cependant être invalidantes. Un traitement par ablation est une option intéressante car permet le plus souvent une guérison définitive. Cela nécessite une courte hospitalisation ambulatoire. Néanmoins, le risque de complication, bien que très rare, doit être parfaitement expliqué au patient.
L’alternative est le traitement médicamenteux mais qui pose souvent des problèmes d’efficacité et de tolérance sur le long cours.
Parlez-en avec votre cardiologue !
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9 Responses
Bouvret recommence malgré une intervention il y a environ 5ans
Bonjour,
Merci pour votre message. Le plus sage semble d’en rediscuter avec un rythmologue.
Dr Olivier VILLEJOUBERT.
Bonjour
J’ai été ablaté le 21/11/2022 tachycardie jonctionnelle ablation réussi d’après les tests fait pour relancer les crises et je me suis senti mieux plus de palpitations au moment où je m´allonge un vrai bonheur . je prend Bisoprolol
et Eliquis la question combien de temps devrai je suivre ce traitement qui lui me procure des effets secondaire désagréable prise de pointe surtout exéma
Bonjour,
Merci pour votre message. C’est une excellente nouvelle. En accord avec votre cardiologue, le BISOPROLOL devrait pouvoir être interrompu.
Dr Olivier VILLEJOUBERT
Bonjour
Je reviens vers vous pour l’arrêt du traitement j’ai bien compris que l’on arrêtera Bisoprolol mais quand au Eliquis lui devra être maintenu?
Bonjour,
Je fais des crises de tachycardie depuis mes 12 ans, de temps en temps mais de plus en plus fréquentés.
Mon cardiologue n’a jamais exploré Bouveret et suite à un passage aux urgences la pathologie a été évoqué.
Je dois faire un ecg sous crise mais difficile à réaliser car la crise peux s’arrêter avant l’arrivée aux urgences ou du samu, pompiers… Que faire ?
Ma cardiologue m’a parlé d’ablation bien que le diagnostic ne soit pas établi.
Bonjour,
Merci pour votre message. Il faudrait en effet réaliser une exploration électrophysiologique et éventuellement y associer une ablation.
Dr Olivier VILLEJOUBERT
Votre article dit tout ce qu’il y a lieu de savoir, sauf qu’il y a deux techniques pour l’ablation, une dont le niveau de précision suffit dans la grande majorité des cas, et une autre beaucoup plus couteuse et beaucoup plus précise qui n’est autorisée qu’en cas de deuxième intervention ( après un premier échec) pour éviter tout échec.
C’est mon cas ( échec première tentative par des gens chevronnés) et j’aimerais savoir si vous pratiquez aussi cette deuxième technique.
Bonjour,
Merci pour votre message. Je pense que vous faites allusion à la cryothérapie (ablation par le froid) et la radiofréquence (ablation par le chaud). Ces deux techniques sont aussi précises dl’une que l’autre pour un cout équivalent. L’avantage de la cryothérapie est de permettre un pallier de sécurité pour les localisation très à risque mais avec un taux de récidive plus important en contre partie. La radiofréquence a pour avantage d’être plus performante mais sans pallier de sécurité pour les localisations très à risque. Dans notre centre, nous pratiquons quasi exclusivement de la radiofréquence sauf cas exceptionnels. J’espère avoir répondu à votre question.
Dr Olivier VILLEJOUBERT